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La science du coeur brisé

6 février 2020 - Curium

Depuis son départ, vous avez le coeur en morceaux. N’écoutez pas les mauvaises langues qui sous-estiment votre peine : votre douleur est bien réelle. C’est la science qui le dit…

Perte d’appétit, insomnie, oppression à la poitrine… La rupture vous fait mal. Très mal. Pas étonnant. Selon une équipe de chercheurs du Colorado, aux États- Unis, le chagrin d’amour active les mêmes zones dans le cerveau que la douleur physique.

Les scientifiques ont en effet demandé à 40 volontaires au coeur brisé de regarder un cliché de leur ex (torture ! ) en se remémorant la séparation. L’imagerie par résonance magnétique du cerveau a révélé des résultats similaires à ceux enregistrés après leur avoir infligé une douleur physique à l’avant-bras (torture ! ). Sur le plan neurochimique, la souffrance est donc bien réelle, écrivent les chercheurs.

Jeune coeur fragile

Pire encore, la première peine d’amour est souvent la plus intense. « L’entourage a beau répéter que le temps arrange les choses, on ne le croit pas, explique Christine Grou, psychologue. Oui, les premiers mois seront infernaux, mais graduellement, la douleur s’estompera. Sauf qu’on ne peut pas le savoir : on ne l’a jamais vécu ! On ressent juste cette immense détresse, sans aucune solution pour y remédier. »

La biologie a aussi son rôle à jouer dans l’intensité du premier chagrin d’amour. À l’adolescence, les lobes frontaux ne sont pas encore complètement matures. Le cortex frontal, qui agit généralement comme modérateur des émotions, non plus. Les émotions sont donc à fleur de peau. Un peu comme une voiture au moteur « boosté »… mais sans freins efficaces pour compenser!

La peine d’amour en mode réseau

Depuis son départ, vous n’avez qu’une envie : écouter des chansons tristes, recroquevillé(e) dans la noirceur de votre chambre. « L’isolement est une défense efficace quand on se sent incapable d’affronter tout de suite les émotions qui nous submergent, dit la psychologue. Sauf qu’avec les réseaux sociaux, il est plus difficile d’avoir ce sursis… »

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Il faut donc l’affronter à vif, devant nos 1 023 amis virtuels. « On perd alors le contrôle de notre chagrin : il appartient à la sphère publique. » Dur, dur…

Récit d’une rupture branchée… parce qu’il vaut mieux en rire :

1- Le cyber-froid

Finie l’époque des commentaires flatteurs sous chacun de vos statuts. Depuis quelques jours, c’est le silence radio, le vide intersidéral. L’être aimé vous ignore superbement. #AOUCH

2- La torture du « vu pas répondu »

Vous sortez l’artillerie lourde : le mème personnalisé. Même Louis-José Houde ne réfléchit pas aussi longtemps avant d’écrire un gag. C’est drôle. C’est brillant. C’est… donc bien long avant la réponse ! Pourtant, le message a été vu. Vous le savez : vous avez vérifié 72 fois depuis ce matin. Et cet odieux point vert qui vous nargue en vous confirmant sa présence en ligne… Plus de doute possible : la bouderie virtuelle est délibérée. #DOUBLEAOUCH

3- Le supplice des petites boules

Test ultime pour votre santé mentale déjà fragile : les petites boules font la vague au bas de la conversation. Une réponse est en cours ! Enfin la délivrance… quand les petites boules disparaissent subitement sans l’ombre d’un message. C’est une blague ?

4- Le message qui fait pouet

Alors que vous envisagez de contacter les autorités pour signaler sa disparition, une réponse apparaît enfin. Dossier réglé ? Pas si vite… La réplique (un simple LOL) n’est certainement pas à la hauteur de votre mème (exceptionnel) ni de votre attente (interminable). Vous ragez.

5- L’annonce fatidique

Vous recevez un message qui ne laisse plus de place au doute : c’est la fin de votre histoire. Vous avez le coeur brisé. Mais ce n’est que le début des montagnes russes… Attachez votre ceinture.

6- Les gérants d’estrade

Vient alors l’épineuse question du statut. Le passage en mode célibataire vous arrache le coeur… et ne passe pas inaperçu auprès de vos amis communs. Chacun y va de son opinion d’expert certifié en relations amoureuses, du dramatique (« Oh nooon, vous étiez trop cuuutes ») à l’intransigeant (« Bon débarras ! On sort vendredi ? ! »). Votre seule envie : vous cacher sous une couverture pour l’éternité.

7- L’espionnage maladif

La nostalgie vous gagne. Vous épiez ses moments de connexion. Vous regardez ses selfies en pleurant. Et surtout, vous étudiez attentivement la liste des personnes qui aiment ou commentent ses interventions virtuelles.

8- La nouvelle personne

Scandale ! Votre analyse perspicace indique qu’une nouvelle personne rode autour de votre ex. À preuve, elle marque son territoire à grand coup de « likes » et de commentaires téteux . Vous voyez venir la suite comme un bulldozer dans un champ de marguerites…

9- Les zones sécuritaires

Votre ex indique sa présence au chalet de son oncle pour le weekend. Vous pouvez enfin aller au cinéma avec vos amis, sans craindre de croiser l’être maudit avec vos cernes et vos yeux bouffis. AVANTAGE : RÉSEAUX.

10- Le vaguebooking (et autre statut vengeur)

Votre objectif ? Lui faire regretter votre rupture pour le reste de ses jours. Vous manigancez un plan avec un ou deux alliés bien intentionnés. Selfie à se jeter par terre, identification avec une foule d’amis, statut volontairement flou pour sous-entendre un nouvel amour à l’horizon… Tous les coups sont permis ! #MOUHAHA

SAUVE TA PEAU DANS LES RÉSEAUX

Vous êtes séparés dans la vie, mais vous êtes toujours numériquement liés. Comment faire pour vous blinder, sans vous isoler du reste du monde ?

Se désabonner : Ses publications n’apparaîtront plus dans votre fil d’actualité, mais votre ex verra toujours les vôtres. Manoeuvre de ninja.

Bloquer l’option messagerie : Vous ne verrez plus quand il est en ligne, mais vous recevrez toujours ses messages dans votre boîte. Juste au cas.

Option « prendre ses distances » : Votre ex disparaît de votre fil d’actualité et vous limitez ce qui est vu sur votre profil. Le lien d’amitié est conservé et la personne sensible en question n’est pas prévenue du changement. Merci, Mark Zuckerberg !

Enlever de la liste d’amis : Plus radical, mais efficace. Sur Instagram, c’est la seule option.

Bloquer : Aux grands maux, les grands moyens ! Vous coupez ici tous les ponts virtuels. Votre ex ne peut plus vous trouver. Vous n’existez plus.

LE FAMEUX TEMPS…

Les études par imagerie cérébrale confirment que le temps arrange les choses : les régions du cerveau associées à la douleur deviennent de moins en moins sollicitées au fil des semaines.

SOS RENFORT

Vous vous sentez impuissant devant la douleur de votre ami.e ? La psychologue est catégorique : même si vous n’avez pas de solution miracle, vous êtes utile : « Écoutez avec compassion et demandez ce qui lui ferait du bien, au lieu de la sortir de force pour lui changer les idées. Chacun est différent ! »

Texte Julie Champagne

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